Cap vers les Açores
Après avoir flirté avec le triangle des Bermudes, nous pointons notre étrave vers l’archipel des Açores. Nous décidons en cours de route d’ajouter Horta comme étape à notre périple, on nous a parlé du « Peter’s bar » qui est un bar centenaire musée RDV de tous les navigateurs qui font volontiers une pause avant de finaliser leur transat vers l’Atlantique ou la Méditerranée. Alors pourquoi pas peindre un témoignage de notre passage sur la digue d’Horta ?
Les quarts s’enchainent, et pour maintenir ce rythme qui est maintenant bien en place, les siestes diurnes sont indispensables, chaque binôme alterne chaque jour la période 20h-Minuit, puis Minuit-4h, et enfin de 4h à 8h du matin, en général à 8h du matin la relève est naturellement faite par les chanceux qui se sont endormis rapidement à 4h. Pas de jaloux, on change chaque soir l’ordre des quarts.
A table, pour cette deuxième semaine, on liquide le frais, maintenant on agrémente les dernières pommes de terre avec des conserves de maïs, coeurs d’artichauts, thon et sauce vinaigrette, histoire de repousser l’utilisation des plats préparés, ceci dit, pas d’inquiétude on a à disposition une variété de plats mijotés qui lorsqu’on les énumère amènera chacun à faire son choix (j’aime vs j’aime poha) !
Orages en mer
Dans la nuit de lundi à mardi, nous avons été cernés par des orages en mer, c’est loin d’être rassurant, car en voyant les impacts de foudre s’abattre autour de nous, bien malin est celui qui trouvera l’échappatoire dans ce dédale mouvant. D’un côté la mer s’adapte au vent généré par ces immenses pompes que sont les cumulonimbus, nuages énormes qui peuvent impacter un diamètre de 30km en horizontal, et qui culmine à 12 km en vertical. Si un tel géant nous aspire, les surventes dépassent rapidement les 50 noeuds, donc la seule décision raisonnable est dans ce cas d’affaler notre lingerie, de mettre en route la moto-godille et de faire fissa bye bye pour s’éjecter de cette zone torride d’influence et de s’éloigner des grains de grêle qui ne manquent pas de vous impressionner. Sans compter sur le fait que notre mat peut être considéré comme paratonnerre.
Le Spi
Après avoir subi la pluie orageuse, voici le calme relatif qui permet d’entrevoir des éclaircies, et un signe d’accalmie propice à l’envoi du Spinnaker, la houle est encore croisée, l’assiette du bateau subit les soubresauts désorganisés, et il nous faut de la vitesse pour caler la gite et rendre cette expérience plus confortable d’un côté et plus efficace de l’autre. En effet on rattrape le retard sur le routage météo, avec une vitesse variant entre 6 et 9 noeuds en moyenne, et si le vent dépasse les 15 noeuds, on peut faire des pointes à 10-12 noeuds en profitant de la poussée de la houle, pour quelques surfs bien agréables.
Atelier pêche
Notre binôme amateur de pêche, ne manque pas de peaufiner les stratégies, et nous écoutons ces discours de beaux parleurs avec une amicale compassion, tout en attendant un résultat probant qui se fait attendre.
Routage
Notre principale préoccupation reste l’observation de l’évolution météo, qui nous menace d’entraver la bonne marche du bateau par une zone anticyclonique que l’on surnomme la zone de molle, car sans vent, nous serons condamnés à mettre le moteur pour avancer. Cependant notre capacité de moteur est limitée par la taille des réservoirs de carburants. Quand certains routage nous annoncent plus de 5 jours de moteur, c’est juste mission impossible, et la conséquence sera de resté encalminés sans vent, sans vitesse, dans une mer désorganisée, avec une houle qui fera son chari vari… Nous ne voulons pas vivre ce supplice ! Seule Dame Nature sait ce qu’elle nous réserve… Nous sommes à 630 miles d’Horta ce dimanche 19 mai matin.
GO babord vs GO tribord
Vendredi en milieu d’après-midi, on constate que le moteur diesel s’arrête subitement !
mince alors, le réservoir 1 semble vide, la jauge n’est pas pratique, on ne voit le niveau descendre que lorsqu’il ne reste que le tiers de carburant disponible, donc pas évident d’anticiper !
Comme première alternative à cette nouvelle péripétie, on comble avec un bidon de 20 litres, on réamorce la pompe, et le moteur redémarre sans moufeter : ouf de soulagement pour aborder cette nuit, mais les interrogations fusent dans tous les sens, il nous semble que le réservoir 2 est plein, et c’est trop bête de ne pouvoir en profiter pour alimenter le moteur…
En soulevant les bannettes on essaie d’interpréter le rôle de chaque vanne, on consulte le manuel Dufour, qui indique la localisation des éléments, mais ne donne pas de méthode d’utilisation…. Finalement on demande de l’aide à pas d’heure à Anthony notre correspondant DYC, et je joins deux photos de l’état des vannes dans un message WhatsApp…
Ce samedi matin vers 4h, le moteur cale à nouveau, 20 litres consommés en 6h de marche, c’est anormal, mais nous voilà en pleine nuit calme sans vent, et sans propulsion… Gloups on remet les voiles, et P’tit Minou avance à 2-3 noeuds dans une longue houle.
L’équipage fait front, et cherche la solution, on imagine pomper le Gasoil d’un réservoir sur l’autre, en siphonant comme des malotrus, en attendant que le soleil ne revienne, on temporise.
à 7h, un coup de fil de Dorian, m’indique qu’il a analyser les deux photos, et qu’il soupçonne qu’une vanne est mal positionnée, il me conseille de la basculer, on réamorce, contact, les regards complices se jaugent, START & RUN : Yessss ça démarre, premier soulagement général.
On a les yeux rivés sur les jauges, qui ne nous informent pas mieux qu’avant, mais ça marche toute la journée, et à l’heure où j’écris j’entends le ronronnement régulier et rassurant de notre moto-godille.
Générateur impeller
Dans la foulée on s’affaire à changer la roue crantée de la turbine de refroidissement du générateur Panda.
Là aussi la pièce de rechange au bon format (09-810B-1) est à bord, et le remplacement permet la réparation sans précipitation avec la participation du gang of four !
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